Les amphibiens de Sologne au Muséum d'Orléans :
le crapaud commun

Le crapaud commun est présent dans une vitrine de l'espace diorama sur la Sologne, au deuxième étage du Muséum d'Orléans.

Crapaud commun

Le crapaud commun (Bufo bufo) est le plus grand des crapauds d’Europe (8 à 10 cm pour les mâles, 10 à 15 cm pour les femelles) et le plus courant. On le trouve pratiquement partout en Europe et en France (mais pas en Corse).

Le crapaud commun est massif, court sur pattes et trapu. On le reconnaît parmi tous les crapauds à ses yeux dont la pupille est horizontale et l’iris doré ou cuivré. Il a quatre doigts à la main et cinq au pied, et les orteils sont presque entièrement palmés. Sa peau est recouverte de pustules qui correspondent à deux types de glandes. Certaines sécrètent un mucus lui permettant de préserver l'humidité de sa peau (celle-ci lui permet d'absorber l'eau dont il a besoin car il ne boit pas par la bouche) et son élasticité. D'autres glandes sécrètent un poison servant de défense contre les ennemis potentiels qui veulent le mordre.

Le crapaud commun n'a pas de côtes lui permettant de dilater et de contracter ses poumons. C'est en levant et en abaissant le plancher buccal qu'il aspire l'air par ses narines et le fait refluer vers ses poumons. Sa peau lui permet de compléter ces échanges gazeux : l'oxygène de l'air se dissout dans la couche de mucus sur sa peau et est absorbé par le sang qui circule dans les vaisseaux sous-cutanés.

Les mâles ont des callosités nuptiales foncées sur leurs 3 premiers doigts qui sont visibles en période de reproduction et aident à maintenir leur prise lors du rut. Le chant du mâle est faible car le crapaud commun n'a pas de sac vocal. La femelle est muette.

Habitat du crapaud commun

Le crapaud commun vit dans tous les biotopes de la Sologne : dans les forêts comme dans les lieux ouverts, dans les villes, dans les milieux humides comme dans les milieux relativement secs. Bon marcheur (il ne saute que pour échapper à une menace), on peut le rencontrer très loin des plans d'eau qu'il rejoint pendant la brève période de reproduction.

C'est une espèce nocturne qui vit sur terre. Pendant la journée, le crapaud commun reste dans un trou naturel (sous des pierres, dans des trous ou fissures de murailles) ou un trou creusé par ses soins. Il devient diurne et rejoint l'eau uniquement pendant la brève période de reproduction.

Reproduction et croissance du crapaud commun

Dès sa sortie d'hibernation, la saison de reproduction commence et dure de 1 à 2 mois. Des dizaines, voire des centaines de crapauds communs se regroupent alors en un même site (qui correspond à leur lieu de naissance en général). Les étangs de Sologne drainent ainsi des crapauds dispersés dans un rayon de 1 km, parfois jusqu'à 3 km. Les mâles, généralement plus nombreux que les femelles, combattent souvent entre eux et peuvent s'agripper jusqu'à dix sur une femelle qui risquera de périr noyée sous le fardeau. Leur instinct de reproduction les mène à s'accrocher à tout ce qui bouge (grenouilles, poissons, pied agité au bord de l'eau). Ce "faux accouplement" (sans pénétration) peut durer des heures. Le mâle émet au fur et à mesure du sperme sur les oeufs pondus, ce qui les féconde. L'action mécanique des pattes du mâle sur la femelle participe en outre à l'expulsion des oeufs.

La ponte se présente sous la forme de 2 longs cordons contenant 3 ou 4 rangées d'oeufs. Un cordon peut mesurer jusqu’à 5 mètres de long, de 8 à 10 mm de diamètre, et contenir entre 2000 et 3500 oeufs. Le mâle saisit les cordons et les attache à une tige de plante. L'incubation des oeufs dure de 21 à 28 jours. Les têtards forment alors des bancs et se déplacent de manière synchrone. La plupart d'entre eux périront d'attaques de prédateurs (larves d'insectes aquatiques, tritons, poissons) ou de conditions défavorables (pollution, assèchement), et seulement 1% d'entre eux produiront un adulte capable de donner une descendance.

La métamorphose en crapelet est achevée en juillet quand les poumons prennent le relais des branchies et que les crapelets quittent les plans d'eaux en grand nombre. La maturité sexuelle n'est pas atteinte avant 3 ans et le crapaud adulte vit environ 10 ans dans la nature et jusqu'à 36 ans en captivité.

Alimentation du crapaud commun

Le crapaud commun chasse à l'affût dès le crépuscule et pendant la nuit. Il se nourrit principalement d'insectes divers et de petits animaux qu'il attrape avec sa langue collante : limaces, vers de terre, chenilles, cloportes, mille-pattes, petits coléoptères, fourmis, sauterelles, mouches, etc. Le crapaud mastique sa proie en l'écrasant avec le palais. Les têtards mangent principalement de la végétation, des fourmis et du pollen.

Prédateurs et conservation du crapaud commun

Les prédateurs du crapaud commun sont surtout la couleuvre à collier, le hérisson (qui utilise son venin pour enduire ses piquants), les blaireaux, les corneilles, les buses et les hérons. En présence d'un ennemi, le crapaud se dresse sur ses pattes et se gonfle, probablement pour paraître plus gros et décourager le prédateur, et pour lui exposer ses glandes à venin. Le têtard du crapaud commun est toxique pour les poissons et un têtard blessé dégage dans l’eau une substance qui permet d’avertir les autres d’un possible danger.

Comme pour la plupart des amphibiens, la destruction et l'assèchement des marais ainsi que les pesticides constituent une menace pour l'espèce. Beaucoup de crapauds communs sont également écrasés sur les routes en rejoignant leur zone de reproduction, d'où la mise en place de tunnels (crapauducs) sous les chaussées traversant des voies de migrations importantes. Le crapaud commun est protégé, avec le statut "Préoccupation mineure", en France, en Europe (annexe III de la Convention de Berne) et dans le monde (Liste rouge de l'IUCN).
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